Mais oui, ils dévorent autre chose que des BD, des mangas ou Wikipédia! Oui, ils aiment les livres: mais toujours les mêmes, et rarement ceux que les parents et l'école souhaiteraient.
Avant, c'était simple: entre 11 et 15 ans, soit on aimait lire, soit non. Et lorsqu'on appartenait à la première catégorie, on avait à la fois un oeil dans la Bibliothèque verte et l'autre qui lorgnait celle de nos parents. - Mais ça, c'était avant, il y a longtemps, quand on pouvait également s'entendre dire: "Plutôt que de ne rien faire [= lire un livre], viens m'aider à mettre la table." Car depuis une quinzaine d'années, et de manière accrue avec la crise récente et le spectre du chômage, ce que les collégiens entendent, c'est l'injonction: "Lis!". Et, si possible, lis des choses "intelligentes et éducatives".
Rares sont les adultes qui n'associent pas la réussite scolaire à une pratique de lecture sérieuse… "Cette instrumentalisation de la lecture est frappante, constate Jean-Philippe Arrou-Vignod, directeur de collection chez Gallimard Jeunesse. On veut faire lire son enfant à tout prix, non pas pour développer son imaginaire ou sa sensibilité, mais pour qu'il fasse moins de fautes d'orthographe et qu'il apprenne des choses utiles pour l'école. C´est oublier que les lectures secondaires sont nécessaires, et que le rôle des parents est d´ouvrir des voies en respectant le cheminement de chaque enfant…”
Partager avec ses amis les mêmes livres et, si possible, les mêmes séries: la clef est là. Les ados lisent pour appartenir à une tribu; ils ont besoin de jouer collectif. "La lecture s'intègre dans un processus de mode, au même titre qu'un téléphone portable ou une série télé", explique Jean-Philippe Arrou-Vignod. L'identité de l'auteur est très peu repérée, ce qui l'est, c'est le genre et la collection. Quand les ados découvrent un premier tome qui leur plaît, ils achètent et consomment la série, sans aller voir ailleurs.
En ce moment, la mode, c'est une littérature de genre très codée: fantastique ou "fantasy" à 95%
Même s'il continue d'exister une veine historique qui a un vrai succès auprès des filles (de faux journaux intimes, tels ceux de la collection Mon histoire, chez Gallimard), l'attirance est à l'évasion et l'extraordinaire. Le réel et le présent ne les attirent pas... ni d'ailleurs le futur! Car le fantastique d'aujourd'hui n'a rien à voir avec une science-fiction tournée vers l'avenir: il est un héritage des légendes et des mythes du passé, remixé. "Cette idée d'un monde parallèle merveilleux est un prolongement, dans l'adolescence, de l'univers enchanté des contes de l'enfance, développe Jean-Philippe Arrou-Vignod. C'est en général une littérature très sexualisée...
Il ne s'agit plus d'une secrétaire amoureuse d'un médecin-chef, mais d'une non-vampire et d'un vampire, par exemple."
¡Por supuesto, devoran algo más que cómics, mangas o Wikipedia! Sí, aman los libros: pero siempre los mismos, y en escasas ocasiones los que los padres y la escuela desearían.
Antes era sencillo: entre los 11 y 15 años, nos gustaba o no nos gustaba leer. Y cuando pertenecíamos a la primera categoría, por un lado dirigíamos la mirada a la Biblioteca verde y por otro, mirábamos de reojo la de nuestros padres. Pero esto era antes, hace tiempo, cuando podíamos oír decir: “En vez de no hacer nada (= leer un libro), ven a ayudarme a poner la mesa”, ya que desde hace unos quince años, y acrecentado por la reciente crisis y el espectro del paro, lo que oyen los jóvenes estudiantes es la orden: “¡Lee! Y si es posible, lee cosas “inteligentes y educativas”.
Escasos son los adultos que no asocian el éxito escolar a una práctica de lectura seria… “Esta instrumentalización de la lectura es sorprendente, constata Jean-Philippe Arrou-Vignod, director de colección de la Editorial “Gallimard Jeunesse”. Quieren que el niño lea a cualquier precio, no para desarrollar su imaginación o su sensibilidad, sino para que tenga menos faltas de ortografía y que aprenda cosas útiles para la escuela. Esto es olvidar que las lecturas secundarias son necesarias, y que el papel de los padres es abrir vías, respetando la evolución de cada niño… ”.
Compartir con sus amigos los mismos libros y, si es posible, las mismas series; la clave está ahí. Los adolescentes leen para pertenecer a un grupo; necesitan sentirse integrado. “La lectura se integra en un proceso de moda, al igual que un móvil o una serie de televisión”, explica Jean-Philippe Arrou-vignod.
La identidad del autor se tiene poco en cuenta, lo importante es el género y la colección. Cuando los adolescentes descubren un primer tomo que les gusta, compran y consumen la serie, sin ir a ver más allá.
En este momento, la moda es una literatura de género muy codificado: fantástico o “fantasy” al 95%.
Aunque continúa existiendo una vena histórica que tiene un verdadero éxito entre las chicas (falsos diarios, como los de la colección “Mon histoire”, de la Editorial Gallimard), lo que atrae es la evasión y lo extraordinario. Lo real y el presente no les atrae… ¡ni por otro lado el futuro! ya que, actualmente, lo fantástico no tiene nada que ver con una ciencia ficción girada hacia el futuro: es una herencia de leyendas y mitos del pasado, mezclado. “Esta idea de un mundo paralelo maravilloso es una prolongación, en la adolescencia, del universo encantado de los cuentos de la infancia, expone Jean-Philippe Arrou-Vignod. En general, es una literatura muy sexualizada… Ya no se trata de una secretaria enamorada de un médico jefe, sino de un no-vampiro y un vampiro, por ejemplo.”
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